31 décembre 2009


Procès de la révolte qui a mis le feu au centre de rétention de Vincennes

25,26,27 janvier 2010 au TGI de Paris


Le plus grand centre de rétention de France a connu jusqu’à sa destruction
par les « retenus », le 22 juin 2008, un état de révolte quasi permanente :
affrontements avec la police, refus de manger, d’être comptés, cartes
déchirées, chambres brûlées… Le 21 juin, un « retenu » qui avait réclamé
ses médicaments en vain y est mort.

À ce jour dix anciens « retenus » de Vincennes sont inculpés de destruction
de biens par l’effet d’un incendie et/ou violence à agent de la force publique
en réunion ayant entraîné une incapacité totale de moins de 8 jours et/ou
de dégradation d’objets d’utilité publique. Un seul d’entre eux est encore
en détention, 7 ont été libérés après plusieurs mois de prison mais 6 d’entre
eux sont encore inculpés et placés sous contrôle judiciaire, deux sont sous
mandat d’arrêt, un dernier est sous contrôle judiciaire.

RELAXE POUR LES INCULPES

LIBERTE POUR LES INCULPES DE VINCENNES

Immédiatement après l’incendie du CRA de Vincennes, le
parquet ouvre une enquête pour « destruction de biens par
incendie et violence sur agent de la force publique avec incapacité
totale de travail de moins de huit jours ». Dès le lendemain
des faits, deux hommes sont entendus par la 2e division
de la police judiciaire de Paris en charge de l’enquête. Ils
sont remis en liberté tous les deux : l’un avec le statut de
témoin assisté l’autre sous contrôle judiciaire ; il est finalement
placé sous mandat de dépôt et incarcéré à Fleury-
Mérogis après appel du parquet. Les inculpations n’en restent
pas là. Suite au visionnage des vidéos des caméras de
surveillance, malgré la fumée et la panique qui régnaient
dans le centre de rétention pendant l’incendie, quatre nouvelles
inculpations tombent. Le 3 juillet 2008, deux anciens « retenus »
du CRA de Vincennes sont interpellés au CRA d’Oisel, en
Seine-Maritime, et incarcérés. L’un d’eux serait soupçonné
d’avoir obturé une caméra pendant que l’autre attisait les
flammes d’un matelas. L’un est écroué l’autre est remis en
liberté puis écroué suite à un appel du parquet. Le 7 juillet
2008, au CRA de Lille-Lesquin, un ancien de Vincennes est
arrêté pour sa prétendue participation à l’incendie, et incarcéré
 : il aurait été reconnu sur les vidéos en train de mettre le
feu à un matelas dans la cour intérieure. Le 17 juillet, une
cinquième personne est interpellée à Paris et incarcérée ; elle
aurait été identifiée en train de pénétrer dans les locaux avec
un linge enflammé peu avant l’incendie.

Après avoir passé presqu’un an en prison, 6 d’entre eux
sont libérés mais sont toujours inculpés. Au cours de sa détention
à Fresnes, l’un des inculpés a été agressé dans sa cellule.
Sa famille a porté plainte contre l’administration pénitentiaire.
Après plusieurs mois de coma il est libéré et bénéficie
d’un non lieu, mais il est encore hospitalisé avec de graves
séquelles. En juin 2009 un ancien « retenu » qui ignorait être
sous mandat d’arrêt est arrêté et écroué ce qui déclenche la
réouverture de l’instruction.

Dans un premier temps, l’État s’est efforcé de désigner les
associations de soutien aux sans-papiers comme les responsables
de l’incendie en les accusant d’avoir incité – par leurs
cris – ces derniers à mettre le feu. Il a dû faire marche arrière
devant un fait incontestable : les départs de feu ont précédé le
rassemblement devant le centre. Il ne lui restait plus qu’à
choisir quelques « retenus » au hasard, à leur faire porter le
chapeau et à les incarcérer.

Tout au long de l’instruction les avocats ont dénoncé une
procédure menée exclusivement à charge : les demandes d’actes
ont toutes été rejetées,l’affaire est complètement décontextualisée
(la plainte concernant la mort de Salem Souli n’est pas jointe
au dossier), les règles du droit constamment bafouées (droit
aux recours ignoré, demandes de mise en liberté refusées alors
que les garanties de représentation sont présentées...).

La justice veut une fois de plus punir quelques individus pour
des faits qui sont la manifestation d’une révolte collective :
la révolte contre la mort d’un des leurs, contre les expulsions,
contre leur enfermement et les conditions de rétention. Les
inculpés risquent des peines lourdes, même sans les peines
suplémentaires de l’interdiction du teritoire et de l’expulsion.
Ce procès ne doit pas être celui de quelques boucs émissaires ;
il pourrait au contraire être une tribune pour dénoncer
la politique d’immigration et exiger la fermeture des centres
de rétention. Cette révolte est sans conteste une de celles qui
ont fait le plus mal, concrètement et symboliquement, à la
machine à expulser depuis bien longtemps. On peut donc
s’attendre à ce que la justice frappe sévèrement les « retenus »
qui seront jugés pour l’incendie afin de décourager toute
velléité de résistance.

La solidarité avec les inculpés nous paraît une évidence et une
nécessité avant tout pour qu’ils ne soient pas condamnés ; aussi
pour que ce mouvement de révolte collective ne soit pas réduit
à des actes épars, forcément individuels, voire pathologiques.
Cette histoire doit rester commune pour combattre la séparation
entre les bons et les mauvais, les dociles et les fouteurs de
feu ; pour répondre au spectacle et à l’oubli, pour contribuer à
détruire les prisons sans cramer avec elles.

Un collectif s’est constitué pour soutenir les inculpés (leur
envoyer des mandats et payer leurs frais d’avocats), pour
faire connaître les suites judiciaires de l’incendie et pour
construire avec les « retenus » une défense collective.

Ecrire à Nadir Autmani écrou 377079 batiment D4
Maison d’arrêt des hommes 7 allée des peupliers
91700 Fleury Merogis

Pour envoyer de l’argent :
adressez vos chèques à l’ordre de « CICP-Vincennes »
au 21ter, rue Voltaire, 75011, Paris.

Pour tout contact : liberté-sans-retenue(at)riseup.net