8 juillet 2009


Témoignages de l’intérieur du centre de rétention de Vincennes


Depuis janvier 2008, un groupe de personnes téléphone régulièrement aux retenus des centres de rétention. Pour maintenir un lien entre l’intérieur et l’extérieur mais aussi pour rendre publique la parole des enfermés. Non pas tant parce qu’elle serait la Vérité ou parce qu’elle aurait une valeur supérieure intrinsèque. Mais bien plutôt, parce que la parole des retenus est celle de personnes en lutte, qui agissent et pensent dans un contexte – lieu de confrontation et de contestation. Confrontation plus ou moins violente, confrontation à la police, la justice, l’état. Cette lutte est parfois collective, souvent individuelle. Cette parole fait sens aussi parce qu’elle s’inscrit dans d’autres luttes, d’autres espaces de pensée et d’action. C’est donc les mots des détenus que nous essayons de leur rendre parce que trop souvent confisqués par les experts et humanitaires ès
rétention.

fermeturetention(at)yahoo.fr

Les retenus du centre de rétention de Vincennes peuvent être contactés par les cabines téléphoniques du centre :
01.45.18.59.70
01.45.18.12.40.
01.45.18.02.50.

Le mardi 30 juin 2009, les retenus du Centre de Rétention Administrative de Vincennes ont commencé une grève de la faim : témoignages du 1er juillet au 8 juillet 2009

Centre de rétention de Vincennes, le 1er juillet 2009.

"Il y a des gens qui ont tenté de se suicider. Deux jours de suite. C’est
pour cela qu’on a fait le mouvement. Celui d’hier il avait un vol ce
matin. Il s’est pendu avec les draps. On est quarante ou cinquante dans le
centre.
C’est le deuxième jour de la grève de la faim. On ne mange pas depuis deux
jours. On a commencé avant-hier soir à minuit après une ultime tentative
de suicide. En 25 jours, il y a eu 5 tentatives de suicide. L’ambiance
était horrible au centre. Ca devenait fou, on regardait ça tous les jours
et on s’habituait, c’est fou on ne doit pas s’habituer à des gens qui
s’automutilent et se suicident tous les jours. Il fallait réagir à ça. on
était en train de devenir des monstres, on réagissait plus. On s’est dit
il faut réagir autrement, ne pas s’habituer. On s’est dit qu’un jour il y
allait avoir un mort, qu’on allait se retrouver avec un cadavre. On s’est
réuni dans la cour. La grève de la faim a commencée à minuit. On a décidé
de restituer les sacs du petit-déjeuner qu’ils nous donnent le soir. On
les a tous posés sur la table de ping-pong dans la cour. Le lendemain, les
policiers ont réagit quand ils ont vu qu’on ne mangeait pas. Les flics
nous on dit : vous mangez pas ? On a dit non, on vous parlera après notre
réunion et on dira nos revendications. On s’est donc réunis vers 18h30
hier jusqu’à 22h00. La réunion a eu lieu dans la cour. Les flics ont fait
quelques tentatives d’intimidations du style « si vous restez tranquilles,
tout se passera bien, sinon, c’est la répression ». Ca ne nous a pas fait
peur. On est restés sereins. On a discuté d’autres trucs dans la réunion
mais c’est la grève de la faim qui a été décidée parceque notre mouvement
est pacifique.
Aujourd’hui, on a demandé du sucre pour notre grève, ils ont dit qu’ils
nous répondraient plus tard, deux heures après ils nous ont appelé et ils
ont dit ok, mais en fait après il y a une femme, je sais pas qui c’est,
qui a dit que non, qu’on doit prendre la nourriture qu’ils nous donnent.

On a prévenu des associations pour notre mouvement. On attend du soutien
maintenant.On a écrit une liste de revendications :
1) apporter une solution rapide et efficace aux retenus traumatisés par
les tentatives de suicide.
2) Améliorer les conditions de rétention : nourriture, hygiène,
comportements de la police et de l’administration. Parce qu’ils réagissent
de manière agressive. On n’a pas le choix pour les heures de repas, pour
acheter des clopes… Les consultations avec l’infirmière sont souvent
retardées ou refusées. Pareil avec la Cimade. Pour les visites, ils
essaient de décourager les gens en les faisant attendre. Ils nous disent
que c’est plein et qu’il faut attendre et quand on arrive aux visites on
se rend compte qu’en fait il y n’avait qu’une personne.
3) Prendre en considération les retenus gravement malades et leur offrir
des soins à l’extérieur. Il y a des gens qui ont des traitements et qu’ils
ne peuvent plus suivre ici.
4) Libérer les retenus qui ont une famille, des enfants en France, mariés
ou vivant avec une résidente française.
5) Offrir plus d’avocats commis d’office. En général, il y a un seul
commis d’office pour 5 ou 6 retenus. Il n’a que quinze minutes pour
regarder le dossier.
6) Donner le choix aux retenus qui souhaitent quitter la France par leurs
propres moyens, dans la dignité. Par rapport à la famille là bas, ou pour
des raisons politiques, y’a des gens qui préfèrent repartir par leur
propres moyens. les juges ne veulent jamais donner des assignations à
résidence. Moi c’est mon cas par exemple, j’ai demandé au juge et il a
refusé.
7) Remédier aux conditions de mouvements, de déplacements avant et après
les audiences. On est réveillé à 6 h pour un audience à 10h, on attend 4 à
6h dans une pièce sale, qui sent l’urine.
8) Donner plus de temps aux retenus qui sortent libres pour préparer leur
départ au pays. Légalement on a que 8 jours, on ne peut rien préparer en 8
jours.
9) Arrêter les contrôles massifs et abusifs dans la rue qui portent
atteinte à la liberté.
10) Respecter le règlement intérieur : l’administration l’enfreind tout le
temps. Les personnes sont expulsées sans être prévenues qu’elles vont
l’être. Ils doivent nous le dire.
11) fermer les centres de rétention et régulariser les sans papiers.
Il fallait bien qu’on la mette quelque part quand même cette dernière
revendication !"

Centre de rétention de Vincennes, jeudi 2 juillet :

« On a décidé de tenir la grève jusqu’au bout malgré les difficultés : la sécurité, l’administration, les nouveaux arrivants qu’il faut informer. On essaie de tenir malgré la réticence des services du centre. Personne du centre n’est venu nous parler ni par rapport à notre santé ni par rapport à nos revendications. L’infirmerie ne s’est pas manifestée. L’administration a refusé de nous donner du sucre. Ils veulent nous donner du sucre en échange de tickets repas pour pouvoir justifier qu’on ne fait pas de grève de la faim.

On informe l’extérieur au maximum : la Cimade et le reste. Aujourd’hui, j’ai vu une journaliste. C’est important pour nous de savoir que c’est relayé. On a amené des trucs parus sur internet que j’ai lu aux autres, ça les a réconfortés. Il y a besoin que des gens prennent le relais. Les deux ou trois leaders peuvent être transférés ou expulsés.

Le plus important, c’est la fermeture des centres de rétention et la régularisation de tous les sans-papiers. Il faut que tout le monde s’unisse là-dessus ! »

Deuxième coup de fil :

« Le capitaine du centre est venu expliquer qu’il était impossible de donner du sucre aux grévistes de la faim car les gestionnaires du centre n’ont pas le droit de sortir du contrat avec l’entreprise privée qui fournit la nourriture. Donc, ce n’est pas possible d’acheter même deux ou trois kilos de sucre car ça sort du contrat ».

Centre de rétention de Vincennes, le 4 juillet 2009

La personne que nous avons au téléphone nous raconte que des manifestants sont venus hier soir aux abords du centre. On en profite pour lui lire l’article de l’Humanité publié la veille. La grève de la faim continue au centre.

« Hier, vers 20h30 à côté du centre il y a eu une foule qui manifestait pour nous. Un ami qui appelait sa fiancée dehors est rentré dans la chambre pour nous dire qu’il y avait des manifestants qui criaient pour nous. Il a dit qu’il fallait sortir, on ne s’attendait pas à ça, on est sorti d’un seul coup.

Ca m’a vraiment touché. On ne pouvait pas voir mais on a entendu crier, on nous parlait en criant. La petite foule demandait la libération des retenus, la liberté. Ça m’a fait beaucoup plaisir, ça m’a chauffé le cœur. On a crié avec eux même si on est fatigué par la grève de la faim. On a fait des efforts pour qu’ils nous entendent. Je sais pas combien de minutes ils sont restés puis ils sont partis, je pense à cause de la sécurité. Peut être la police a dispersé les manifestants. On était très heureux. Ca m’a vraiment touché pour moi et pour les autres, ça nous a donné le courage pour qu’on continue la grève.

Avec la police ça a été mais on peut pas écouter ce qu’ils disent entre eux, Ils ne savent jamais quand ça peut chauffer dans le centre, mais nous on est pas agressif. On crie pour qu’on nous entende. On a commencé à rigoler et après les policiers sont partis.

On était dans le petit jardin, ce n’est pas grand, mais on a entendu bien comme il faut les cris et les paroles.

Les policiers font leur travail au niveau sécurité mais on leur a expliqué qu’on était pacifiques, qu’on n’aime pas faire des trucs pas bien. On est pas ici parce qu’on est des criminels, on crie pour notre liberté, c’est tout.

On a déclenché l’alarme pour être entendu de l’extérieur.

On a été très heureux, on a dit que les autres essayent de combattre pour nous et nous on doit pas craquer, on doit continuer le combat.

En ce moment il y a toujours des nouveaux qui arrivent en rétention, des chinois et des blacks mais certains mangent. On parle à ceux qui mangent pour qu’ils comprennent. Il y a aussi des gens malades et eux on ne peut pas les obliger. Mais la grande majorité tient toujours le courage et le souffle pour notre liberté. Les nouveaux disent qu’ils s’en foutent, que demain ils partiront au bled ou à Bangkok.

La dernière fois on a demandé du sucre, la police était d’accord, elle a demandé du sucre au personnel civil du réfectoire. Les travailleurs nous en ont donné mais quand leur chef a vu ça il a gueulé, il a dit que si on voulait du sucre on avait qu’à prendre les repas. On a refusé. Après le personnel civil ne voulait plus nous donner de sucre.

Alors on a protesté auprès du capitaine pour avoir du sucre et on a fini par obtenir du capitaine de pouvoir aller chercher du sucre et du sel à l’infirmerie.

On continue de faire des réunions entres les grévistes, il y a toujours le commandant et le capitaine qui viennent discuter avec nous pour voir comment ça se passe. Nous on lui parle de nos problèmes même si on arrive pas bien à s’exprimer : par exemple il y a des gens qui ont une famille dehors. Mais il ne peut rien faire, il est là comme chef de la police ou de la rétention qui observe et qui fait les commandes de nourriture. Par rapport à nous le commandant ne peut rien faire, malgré tout on est là et on attend le jour de notre libération.

Il y a des policiers qui montent dans les chambres et viennent chercher les gens pour manger.

En ce moment il y a beaucoup d’expulsions vers l’Asie, vers Bangkok, pas trop vers l’Algérie. Chaque jour il y a 2 ou 3 expulsions.

[on lui demande si les flics continuent à les compter plusieurs fois par jour avec leur carte de retenus]

J’ai une carte avec mon nom et ma photo, c’est pour les visites et les repas. La police ne compte pas avec les cartes. Pourquoi ils nous compteraient ? On n’est pas militaires, ni policiers, ni criminels !

Je suis depuis 25 jours dans le centre. La dernière fois je suis rentré dans la chambre et j’ai trouvé un ami pendu. Quelques secondes plus tard il serait mort. Je n’ai jamais vu ça, depuis que je suis ici j ai vu 5 tentatives de suicide. Les gens qui font ça ils se disent : « s’il y a quelqu’un qui vient à mon secours tant mieux, sinon je suis mort », ça leur évite de partir au bled. Y a rien au bled, ils aimeraient bien rester ici, ils ont un travail ici. Il y a même des gens qui ont une famille ici, comme moi par exemple.

[Il nous décrit le centre]

C’est un grand chalet avec des compartiments. A l’étage, chaque chambre est soit de 2 personnes soit de 4 personnes, et il y a les cabines téléphoniques. Il n’y a pas de poste de police à l’étage mais de temps en temps il y a des rondes. Au rez-de-chaussée il y a le réfectoire et la salle télé et une play station. A l’extérieur il y a un jardin. Avant il y avait deux chalets mais ça a brûlé et à la place ils ont mis un gazon. C’est là qu’on était quand on criait hier soir. Au dessus du jardin il y a un couloir réservé à la circulation des flics, avec deux guérîtes

Il y a des cameras partout de tous les cotés, dans les couloirs et le jardin, c’est une observation totale, heureusement il n’y en a pas dans le chiottes et les douches. »

Centre de rétention de Vincennes, dimanche 5 juillet 2009, 22h30

Les retenus nous appellent, visiblement très inquiets par l’etat de santé
de plusieurs de leurs camarades que l’administration refuse d’envoyer à
l’hopital. Nous sommes à une semaine de grève de la faim au centre.
D’habitude ces mouvements ne durent que deux ou trois jours...

"Il y a trois malades dans la journée. Il y en a un qui est tombé et qui a
été transféré à l’hôpital. On a aucune nouvelle depuis, il y en a un qui a
déjà eu des problêmes, un ulcère. Il est descendu à l’infirmerie, il lui
ont donné des comprimés, l’autre pareil il lui ont donné du lexomil. Ils
veulent rien faire. Il y a deux personnes qui ont avalé des bouts de métal
et des lames aujourd’hui parcequ’ils n’en pouvaient plus, il y en a un
qui est à l’infirmerie et l’autre qui veut parler à personne. Le médecin
est pas là et les flics disent que ça dépend de l’infirmière pour
transférer quelqu’un à l’hopital. Il y a un état de stress. il y a des
tentatives d’intimidation pour nous faire manger. Les gens qui vont au
distributeur de boisson et de clopes sont pointés sur une liste. On est à
bout de nerfs. Comme on a dit qu’on restait pacifiques on sait pas quoi
faire. On est tous sur les nerfs. On a des douleurs à l’estomac, des maux
de tête. Ca va être une soirée difficile. Il y avait deux chinois qui
devaient être expulsés, il y en a un qui a accepté de partir mais l’autre
a refusé et il a été libéré. Sinon ça fait deux jours qu’ils ont ramené
personne au centre, quelque part on a réussi un peu. Là on est à peu près
une quarantaine et 36 en grève de la faim. Il y en a deux trois qui
mangent et ceux qui sont malades."

Centre de rétention de Vincennes, mardi 7 juillet, le matin

La grève de la faim continue mais la pression monte. Il y a deux heures de
cela, donc vers 12h30, la police est venue chercher deux grévistes qui
devaient être libérés à 16h00 aujourd’hui, pour les expulser. L’un des
deux est l’auteur de ce témoignage.

"Le mec qui a avalé des lames a été transféré à l’hopital. Comme il
refuse les soins, il nous a appelé pour dire que il l’avait attaché au
lit et qu’il lui avait injecté des trucs avec une seringue.
La cimade ne sait même pas où il est.

Pour l’instant il n’y a toujours aucun nouveau. Il y a un nouveau
commandant de bord. Hier soir, il a fait une fouille générale des
chambres. On a tous du descendre dans la cour. Après il a fait une
fouille individuelle. Il y a toujours des tentatives d’intimidation
pour ceux qui ne mangent pas. Ils demandent aux grévistes de se
signaler au guichet. Ils disent que ils doivent calculer le nombre de
repas à acheter. Mais on a refusé.
Le capitaine nous a menacé, il veut nous faire croire qu’il y a un
risque d’avoir un casier judiciaire par rapport à la grève de la faim.
On est allé discuter avec lui."

Centre de rétention de Vincennes , le mercredi 8 juillet 2009

« On a arrêté la grève de la faim hier . Je peux rien vous raconter en ce moment .Au niveau d’en bas, j’ai eu quelques petits problèmes à cause des communications [avec l’extérieur]. Ils [ les flics ]nous ont vu beaucoup téléphoner , ils m’ont averti, je préfère arrêter les communications »

Nous appelons deux fois aux cabines , les retenus ne veulent pas parler de la fin du mouvement. Puis la troisième fois quelqu’un veut bien nous parler.

« On a arrêté , ça sert à rien. La Cimade depuis une semaine nous promet des choses , mais ils ne font rien. Pourtant c’était important, on aurait dû continuer mais personne ne prend ça en considération (...) Quand tu arrives ici , il faut trouver un moyen de sortir : faire des tentatives de suicide, avaler des lames de rasoirs ou autre chose ... sinon c’est fini ; ça fait 15 jours que je suis ici, depuis, aucun algérien n’a été libéré, seulement 2 marocains et 2 tunisiens l’ont été, par contre ils ne libèrent que des chinois. On sait même pas comment ça marche : si c’est le consulat qui signe ou autre chose. »

Nous lui donnons des informations sur l’attitude de l’Etat algérien, le fait qu’il signe tous les accords anti-immigration avec la France, qu’il a même fait passer un texte de loi qui prévoit de punir de prison l’émigration clandestine.

« Pourquoi personne n’affiche tout ça ? Je comprends pas car si c’était connu , les gens se révolteraient. Je connais une association, Droits Devant, qui s’occupe bien des sans papiers algériens, est-ce que c’est une association payée par l’Etat algérien ? (...)
On est au centre , on est enfermés. Je sais pas ce qu’on va faire.Je vais essayer de vous passer quelqu’un qui vous raconte la fin de la grève de la faim. »

La personne refuse de venir nous parler , nous demandons alors à notre interlocuteur revenu au bout du fil si c’est à cause de la pression de la police que personne ne veut nous parler.

« Non on a pas de pression , on n’a pas peur de la police, on s’en fout d’eux ».

Nous demandons des nouvelles des deux retenus algériens qui ont été expulsés hier et nous racontons ce qu’ils nous ont dit sur leur expulsion.

« Moi je sais que c’est quand on arrive dans l’avion qu’il faut les emmerder comme ça ils ont peur de perdre des clients et ils te font descendre. »

Notre interlocuteur va chercher un retenu qui pourrait nous raconter la fin de la grève de la faim.

« Hier ils ont été expulsés, ça été fait. Dommage. Ils nous ont appelé de l’avion vers 16h, on a su qu’ils ont été expulsés. Alors, hier au centre ils ont pas voulu continuer. Tout le monde a peur vis à vis de ce qu’ils ont fait aux autres. Tout le monde a peur. Ce sont des pauvres gens. Tout le monde a mangé. Personne ne dévoile ce qu’il ressent. Les gens ne se font pas confiance entre eux. Je ne peux pas deviner leurs pensées. Moi j’étais bloqué, ils ont changé d’avis d’un moment à l’autre. J’étais bloqué, j’ai pas pu réagir. On n’a pas de possibilités, c’est très délicat. »

Ce 8 juillet l’ambiance est lourde, tous semblent profondément tristes. Mais il y a semaine , le 1er juillet, les retenus nous disaient :
« En 25 jours, il y a eu 5 tentatives de suicide. L’ambiance était horrible au centre. Ca devenait fou, on regardait ça tous les jours et on s’habituait, c’est fou on ne doit pas s’habituer à des gens qui s’automutilent et se suicident tous les jours. Il fallait réagir à ça. On était en train de devenir des monstres, on réagissait plus. On s’est dit il faut réagir autrement, ne pas s’habituer. »
Les retenus ont réagi , leur grève de la faim a rendu visible leur révolte, leur colère et le fait qu’il y a des gens qui ne s’habituent pas et ne s’habitueront jamais à ça. Il ont trouvé un moyen d’enrayer la machine à expulser , que tout ne se passe pas normalement, c’est aussi pour contribuer de l’extérieur à cet enrayement que nous publions et continuerons à publier l’histoire de leurs luttes à l’intérieur. C’est ce que nous leur avons dit avant de les saluer.

fermeturetention(at)yahoo.fr