9 mai 2009


Violence policière au quotidien dans le 93

Petite virée nocturne


Témoignage reçu par le comité de rédaction du bulletin mensuel

Petite virée nocturne

Trois policiers de la bac de la départementale se promènent un soir dans le département de la Seine-Saint-Denis(93).Au environ de 23h, ils aperçoivent 4 jeunes sur le mur arrière d’une cité. Ils s’approchent d’eux et les accusent alors d’avoir volé un scooter ; les jeunes refusent de se faire menotter, la tension monte. C’est alors que des grands de la cité interviennent, ils se battent contre les policiers de la bac ce qui laisse aux jeunes le temps de filer. Mais l’arrivée de renforts met fin à l’altercation et les policiers de le bac se lancent à la poursuite des jeunes qui ce sont séparés. L’un d’eux rentre dans un immeuble et trouve refuge chez l’un de ses amis,mon frère.

Quelques secondes plus tard, la sonnette retentit fortement à plusieurs reprises, réveillant ainsi mon père qui se remettait d’une journée de dur labeur. Il se lève et va ouvrir. Un des policiers mit son pied dans l’ouverture de la porte afin d’en empêcher la fermeture et réclama qu’on lui livre le fuyard. Mon père ne comprend rien, il est encore tout engourdi par le sommeil. Les policiers lui réclame alors ses papiers, il amène son permis de conduire. Dans un premier temps, il ne reconnaît pas le jeune et lui demande de sortir de chez lui parce qu’il ne veut pas avoir de problème, mais après avoir allumé la lumière et reconnu l’ami de son fils aîné tout en recouvrant ses esprits, il retourne face aux policiers qui étaient rentrés chez lui sans son autorisation et leur demande alors de sortir tout en affirmant qu’il ne leur donnerait pas le jeune garçon et que s’ils le veulent, il leur faudra un mandat.

Alors commencent les différentes tentatives d’intimidations des policiers : Vous regardez trop les Experts et New-York je sais pas quoi, lui lance un policier depuis le palier car la porte était restée grande ouverte, il faudrait arrêter, parce qu’on est en France ici. Voyant que mon père était bien décidé à ne pas les laisser emmener le jeune homme, l’un de ses collègues lui dit alors "Vous savez ce qu’il a fait, monsieur, et bien je vais vous le dire moi, et bien, balbutia-t-il en cherchant ses mots,
et bien, il a volé un scooter, et nous étions à trois mètres. Dites nous oui, juste oui, donnez nous l’autorisation de rentrer, on l’arrête, on vous rend vos papiers et on s’en va." Mon père demanda alors s’il pouvait accompagner le jeune s’ils l’arrêtent, mais les policiers lui répondirent qu’il n’avait qu’à le sortir et qu’ils se chargeraient de la suite qui ne le regardait pas. Les policiers ayant menacé le jeune homme en sa présence, mon père refusa catégoriquement toute coopération avec les forces de l’ordre. Voyant cela, les policiers menacèrent alors de faire venir les chiens qui allaient tout mordre ainsi qu’une équipe afin de perquisitionner le domicile, ce qui aboutirait à l’arrestation de toute la famille, et qu’ils lui laissaient seulement 5 minutes pour faire sortir le jeune avant d’intervenir.

Pendant ce temps, des agents entrés sans permission se sont rendus dans la chambre où se trouvait l’ami de mon frère et lui manquaient de respect, l’un d’eux lui dit "Et ça se dit homme ! T’as pas de couilles, de toute façon on t’a !" Le jeune n’arrêtait pas de répéter "Sortez d’ici, c’est pas chez vous, il est pas encore six heures du matin, vous n’avez pas le droit d’entrer ! Comment voulez-vous que je sorte alors que vous avez menacé de me tabasser " Un des policiers a pris sa casquette qu’il lui a réclamé et celui à qui il venait de parler a ordonné à son collègue "Rends lui sa casquette de merde !!"

Les cinq minutes se sont écoulés, les policiers n’arrêtaient pas de répéter "On attend juste l’arrivée d’un agent compétant pour rentrer, il va arriver avec les chiens, on vous laisse que dix minutes, après on donne l’assaut". Mon père répondit alors qu’il n’avait rien à cacher et qu’ils pouvaient faire autant de perquisition qu’il leur plairait. Les policiers l’avaient menacé de l’emmener au poste croyant ainsi le faire changer d’avis mais ce fut tout le contraire qui ce produisit ; en effet, vêtu de son simple pyjama, mon père est allé se changer dans sa chambre il se prépara à suivre les policiers. Je l’ai suivi dans la chambre afin de filmer l’état de son corps. Il m’ordonna également de filmer le corps de l’ami de mon frère afin de prouver une éventuelle brutalité policière à leur rencontre. Un des policiers lui dit alors qu’ayant une licence de Droit il pouvait nous confirmer que les vidéos n’ont aucune valeur devant un tribunal. J’étais en train de filmer lorsqu’un agent me cria "Tu me filmes pas !!", mon père répondit alors "Mon fils est devant la porte de sa chambre, il est chez lui, il peut filmer ce qu’il veut, c’est vous qui n’avez rien à faire ici".

Le calme enfin retrouvé, mon père réclama son permis car il en avait besoin pour aller travailler, mais l’agent refusa de le lui rendre, il voulût alors leur donner sa carte d’identité contre son permis. Après bien des discussions, il finit par obtenir ses pièces d’identité. Les policiers commençaient à élever la voix sur lui mais ils se calmèrent aussitôt lorsque mon père décrocha son téléphone et que je recommençait à le filmer, car mon père leur dit qu’il appelait son avocat.
Mon frère âgé de 11 ans qui avait été réveillé une heure avant par le bruit demanda à un agent à quoi servaient toutes les choses qu’ils avaient autour de leur ceinture, désignant la matraque, les menottes et autres ; ce dernier lui répondit que c’était pour les "violences urbaines" ; Mon petit frère demanda alors ce qu’étaient les violences urbaines et le policier lui répondit que c’était pour le 93.

Les policiers sortirent définitivement de l’appartement vers 1h30 du matin. Mon père resta posté devant la porte lorsqu’un policiers lui dit "Monsieur, c’est pas la peine d’attendre devant votre porte", mon père répondit alors "Vous savez combien ça coûte une porte blindée comme celle-là, non je reste où je suis jusqu’à six heures du matin lorsque vous allez revenir pour perquisitionner."
La sonnerie ne retentit qu’à trois heures du matin, et c’était le frère aîné de l’ami de mon frère toujours réfugié chez nous qui était venu le chercher, il n’y avait plus aucun policier dans les parages. Le lendemain ,il alla au commissariat de la ville avec son frère, ces derniers lui dire de rentrer chez lui et qu’il allait recevoir une convocation pour ce rendre au tribunal.

Le lendemain aussi mon petit frère, celui qui ne comprenait pas le sens de « violences urbaines », rencontra devant son collège le policier qui le lui avait appris et qui lui lança : « Alors bien dormi ? »

Cette histoire véridique c’est bien fini, mais qu’en est-il pour tous les autres jeunes qui sont victimes d’abus policiers ?