8 avril 2006


Répression au centre commercial du Polygone de Montpellier

lors de la manifestation du 18 mars 2006


Témoignage d‚un participant de cette
manifestation, diffusé sur Indymedia Toulouse et compété par un militant de la CNT-AIT montpellier, témoin lui aussi de la répression.

Je voulais faire part de mon indignation, de ma stupéfaction, de mon
horreur, de ma HAINE. Lors de la manif du 18 mars à Montpellier, des actes
policiers inadmissibles se sont produits. Malgré le service d‚ordre, des
centaines de manifestants ont décidé d‚occuper le Polygone (« temple de la
consommation » montpelliérain).

L’entrée dans le Polygone se passe sans anicroches, et l‚investissement des
trois étages aussi.
Mais vient le moment où un homme lance une canette sur une vitrine (une des
rares non baissées). Cet homme se trouvait à quelques mètres de moi. Un
homme à l’allure ordinaire dans une manif. Au bruit du verre cassé, les
vigiles prennent peur : ils sautent sur un bar proche et attrapent des
chaises, des tables en fer, et les lancent sur les manifestants coincés dans
le Polygone. Les tables volent à 2 mètres de hauteur, un étudiant en reçoit
une en plein visage... tout le mobilier semble avoir des ailes, les vigiles
lancent sans réfléchir, le mobilier se fracasse sur les crânes des
manifestants et des personnes présentes dans le Polygone... En même temps,
les vigiles utilisent des gaz lacrymogènes, parfois à 10 centimètres des
visages et deux détonations se font entendre, dans le but de faire penser à
des armes à feu. Tout le monde court, des femmes accompagnées d‚enfants dans
des poussettes tentent désespérément de rejoindre les sorties sous une pluie
de tables et de chaises...

C’est alors qu’intervient le mouvement de panique : les policiers de la
BAC (brigade anti-criminalité) présents dans la manif revêtent leur brassard
(et c’est là que je m’aperçois que l’homme à la canette, à l’apparence
normale, est un flic ! ) et ces salauds gazent à tout va et balancent des
grenades aveuglantes et des gaz lacrymo... Enfants et vieillards sont
toujours là... et en prennent plein la figure...

On tente de sortir dans la panique générale. On gagne les portes alors
qu’une fille se fait piétiner (la malheureuse est tombée dans le mouvement
de panique). On se retrouve sur la place à l’entrée du Polygone face à
l’hôtel de ville. On soigne immédiatement les blessés, on met du sérum, le
jeune qui s’est pris la table est mal en point, le crâne ouvert
apparemment... Les visages sont tuméfiés, les yeux exorbités... On pleure,
on vomit, on hurle, on cherche ses amis, personne ne comprend...

C’est alors qu’on les aperçoit. Les CRS arrivent sur la place par
l’intérieur du Polygone. Ils ouvrent les portes, et non non non, ils ne se
mettent pas en ligne, mais ils sortent avec l‚idée d‚attaquer directement et
poussent tout le monde vers les issues de la place, qui sont étroites.
Certains se retrouvent coincés contre un muret donnant sur le vide, comme
moi et mon amie, et les coups de tonfa pleuvent... on crie de ne pas
frapper, qu’on va s’en aller (un tel mouvement de panique, avec tout le
monde qui court, ne permet pas un quelconque acte de bravoure face aux CRS).
Heureusement on s’en tire sans trop de casse, seulement des compagnons sont
là-bas... et souffrent sous les coups de tonfa bien appuyés et les coups de
pied. On a honte de faire partie de ce pays. On court le plus rapidement
possible : rassemblement juste devant le Polygone.
Alors vous nous direz, oui, mais que foutiez-vous encore au Polygone ? Ben
c’est très simple : les lacrymo dans les yeux et les blessures dues aux
tonfas ne nous permettent pas d’aller bien loin...

Les CRS bouclent l’entrée du Polygone, le calme semble revenir, mais des
femmes sortent du Polygone (qui est en pleine évacuation) en hurlant, leurs
gamins sous le bras... la guerre de classe fait rage... les gosses pleurent,
ils sont rapidement évacués... et les flics qui sourient... bande de
bâtards, sadiques, salauds... je ne trouve plus mes mots... autour de moi
c’est une scène d’horreur : y‚a du sang, des vomissements, des blessés un
peu partout, certains ont les yeux exorbités... on a l’impression qu’ils
sont à l’agonie...

Puis vient le bouquet final : un autre mouvement de panique, dû à une
intervention musclée de la BAC pour arrêter un jeune homme, pour des motifs
inconnus des manifestants, mais que les flics ne tarderont sans doute pas à
lui trouver... Le problème, c’est que l’arrestation est :
1° ultra violente, avec des coups portés sur le jeune homme, et en plus, 2°
le second agent de la BAC sort un flash-ball de sous le manteau (au milieu
de la foule) et tourne sur lui-même, nous mettant tous en joue... on croit
rêver... on hurle tous « tirez pas ! tirez pas ! » et cet enfoiré prend
plaisir à nous viser.... l’˛il au viseur, on s’attend à recevoir une balle a
n’importe quel moment... c’est affreux...

Finalement la manif se dispersera quelque temps après...

Bilan :

1) la BAC a brisé une vitrine afin de créer des mouvements de panique dans
le Polygone ;
2) la BAC et les vigiles ont frappé violemment, lancé des tables et des
chaises et utilisé des gaz dans un lieu public où étaient présentes des
familles, un samedi, sans se préoccuper des conséquences ;
3) Ils ont matraqué de façon ultra violente des blessés à terre et nous ont
rendu aveugles temporairement par leurs gaz lacrymogènes ;
4) Ils ont mis en joue des manifestants pacifistes et ont procédé à une
arrestation ultra violente.
Alors, que l’on n‚aille plus me parler de « casseurs » chez les
manifestants, regardez déjà chez les forces de « l‚ordre ».

Encore un bel exemple de liberté d‚expression ! Quelle est cette démocratie
qui devient dictature quand le peuple conteste (recours à la répression
policière, aux lois sécuritaires, à l‚état d‚urgence... et rappelons que l‚
article 16 de la Constitution offre les pleins pouvoirs au président de la
république) ? Contre la souveraineté de la nation, la souveraineté du peuple
 : le communisme libertaire !

Solidarité avec les manifestants arrêtés !