5 mai 2005


Manifestive à Lyon

Billet d’humeur


ça commençait pas mal : météo (chaud, chaud et beau), un peu de monde
(sans doute autour 700 au départ pour dépasser le millier par la suite),
du son : yes, même que y’avait pas que de la tech... du béru (pas mal
pour l’accompagnement policier de fin de manifestive...), des sons un
peu plus visibles niveau ’politique’ (placardages latéraux de revendics
sur la liberté surveillée et surtout la liberté de circulation), un
lâcher de ballons sur ’l’envolée des droits sociaux’ (en vérité tout le
monde s’en fout ou presque, on est là pour faire la fête ! non ?) et ça
démarre...

c’est toujours sympa parce qu’on croise des camarades, des ami-e-s,
qu’on n’a pas vu depuis longtemps, ça fait des surprises en chemin,
l’ambiance est agréable, on rame sur du macadam qu’habituellement on s’y
fait plutôt renverser ou écraser : la rue est nous à ce moment-là...
jusqu’à la place des Terreaux : le bruit court qu’il y a eu des actions
contre x banque, contre y déporteurs et toujours pas de z comme zorro...

finalement, la police attaque ! Gazage de la place des Terreaux (’en bon
uniforme’) au milieu des ’pèlerins’, des terrasses, des enfants (...).
Deux cent mètres auparavant les policiers en civil en tête de manif
annonçaient la couleur : "de toute façon , on a de quoi répondre...". Et
tout ça pour... l’interpellation musclée (virile, entendez) d’une jeune
manifestivante plaquée au sol violemment, sommairement battue à coup de
lattes devant nous (témoignage visuel de ma part... et d’autres), elle
était déjà menottée... des lacrymos commencent à inonder la place,
n’épargnant que peu (ouf, ici l’eau coule à flôt sur le sol de leurs
fontaines à pied), mouvement de foule, c’est la fin de la manifestive
(entendez la fin du cortège)... Les flics commencent à paniquer :
flashball au poing, pris à parti par les manifestivant-e-s et également
les badaud-e-s, et tout ce bas monde répliquent en harangant la police
(quelques canettes fusent), la manifestivante est menottée au sol devant
des centaines d’yeux et lattée gratuitement, violemment (révolte), le
flashball nous guette des yeux et pourtant nous resterons là, assistant
à ce que la police tente toujours de cacher, de justifier : sa violence
 ! Les gens sont en colère. Les genoux de la manifestante sont en sang,
ses cheveux sont tirés ici et là par à moins trois solides gaillards
(!), une jambe sous la voiture de police, elle ne bronche pas, comme un
pantin... révoltant (certains témoignages font état de l’utilisation
d’un Taser - arme ’non-létale’ électrique, à vérifier, pas vu pour ma part).

sentiment de début d’émeute, d’émeute qui ne vient pas finalement, une
manifestivante se proclame du service d’ordre du festival des
résistances, s’interpose et appelle à laisser ’la police faire son
travail’, à ’cesser de lancer des canettes’ (j’ai un bandana trempé sur
la gueule à cause du gaz...), ’à avancer’ (c’est aussi cela la liberté
de circulation !), je l’envoie au diable, j’observe la scène à 5 mètres
de cette putain de violences de flics, un camarade vient justement
d’être légèrement blessé par une cannettes lancée par un ’manchot’... on
se casse et on se dirige vers la pharmacie du coin de la place. Là se
trouve au sol un ’ancien’ qui fait bien son octante, une fracture
ouverte (aux dires des pompiers), secouru rapidement mais suffocant en
raison des lacrymos, c’est ce qui aurait fait sa chute violente sur le
trottoir (l’enquête de police le determinera)... Des enfants pleurent,
pas de cadeau ces satanées gaz... A la pharmacie, des gens posent des
questions, ne comprennent pas. Moi non plus.

le cortège continue son chemin en direction de St Paul (pas d’états
d’âme... the show must go on). Sur la fin du cortège, on s’entend dire
par machin et machine qu’il faut continuer à avancer et pas regarder
derrière, finalement des manifestivant-e-s se transforment en voix
autoritaires (comme des flics), chiant... ça (me) pourrie cette satannée
journée qui avait bien commencée et qui, au-delà des appels ’à
l’abolition de toutes les frontières entre les peuples’ aurait pu
revêtre ce qui est le ciment de toute résistance : la solidarité ! Une
autre fois...

vers 19 h 30 la manifestive stationnée au pied de la gare de St Paul se
dissout après de prompts appels à ’tout niquer !’ en solidarité de la
manifestivante... Nous serons 18 devant le commissariat central à 20 h
30 pour tenter de prendre (au moins) de ses nouvelles et montrer notre
solidarité à ne pas les laisser faire... à montrer notre détermination.
C’est ainsi.

la manifestivante a été placée en garde à vue, le soutien juridique est
là, encore heureux... On lâche pas l’affaire !

manifestive, comme d’hab, consommation, consommation... de tout et de rien.

KO-tic-tac

sur les précédentes manifestives lyonnaises :
http://antisecuritaire.free.fr

Voir aussi :
Audience suite aux arrestations de la manifestive